La Créativité et la Culture au service de la Communication: Un voyage avec Nikita Rustagi, directrice régionale de Centdegrés, Agence créative

Découvrez l'interview de Nikita Rustagi, de son MBA à HEC Paris au rôle dynamique de directrice régionale de l'agence créative Centdegrés, ainsi que l'intrigant parcours qui l'a transformée en leader visionnaire à l'intersection de l'entreprise et de la créativité.

UJA | Team Nikita Rustagi
Nikita Rustagi

Regional Director of Centdegrés creative agency, HEC Paris alumni, and vice-chair of the Indo-French Chamber of Commerce & Industry Marcom Committee.

UJA: Pouvez-vous nous donner un aperçu de l'agence créative Centdegrés et de sa présence en Inde?

Nikita Rustagi: Je suis la directrice régionale de l’agence Centdegrés en Inde. Nous sommes une agence créative internationale basée à Paris, créée il y a 35 ans et qui compte plus de 150 talents répartis dans le monde entier. Chaque jour, grâce aux échanges permanents avec nos clients nous faisons évoluer leur communication en utilisant notre créativité réciproque.

Elie Papiernik et David Nitlich, les cofondateurs de l’agence, ont cherché à développer un service complet de soutien stratégique et créatif pour les marques du secteur de la beauté haut de gamme et de luxe. La société a commencé à s’intéresser à l’international dans les années 1990. Elle travaillait déjà avec de grandes marques de luxe et avait développé un marché de niche important.

Elle s’est ensuite développée en Chine marché en pleine expansion à l’époque, et a ensuite établi une présence à Dubaï pour couvrir le Moyen-Orient. La société a mélangé le savoir-faire français en matière de création avec la culture locale des bureaux dans lesquels elle entrait, et la clé a été de créer une véritable atmosphère de collaboration et de repousser les limites créatives.

Cette approche mise en place par les fondateurs est la pierre philosophale de l’agence et la raison pour laquelle nous sommes connus comme des activistes créatifs.

En Inde, nous avons commencé à travailler avec des marques telles que Forest Essentials et Colorbar un peu avant 2020, et les fondateurs ont remarqué que l’Inde était en plein essor à cette époque.

Etonnamment, la pandémie s’est traduite par une augmentation plus rapide de l’industrie des soins de beauté et des parfums. C’était le moment idéal pour ouvrir un bureau en Inde. Le voyage a commencé en janvier 2021 et nous avons connu une croissance passionnante depuis lors.

Nous participons également à des manifestations commerciales dans le monde entier, en particulier à Dubaï, en Chine et en Europe, comme Luxe Pack Monaco, Luxe Pack Shanghai et Cosmoprof, où nous rencontrons de nombreux clients et présentons nos idées lors de conférences. Cela nous aide également à comprendre les tendances du marché. Nous accordons la priorité aux relations avec nos clients, et grâce à cette approche particulière, bon nombre de projets que nous gagnons sont le fruit du bouche-à-oreille et de recommandations.

UJA: Vous avez obtenu votre master à HEC Paris. Comment votre formation à HEC Paris a-t-elle influencé votre carrière et votre approche de votre fonction actuelle ?

Nikita Rustagi: Je souhaitais exceller dans l’industrie du luxe et j’ai été très enthousiaste dès le départ quand j’ai été acceptée dans ce master qui se déroulait en France, pays du luxe par excellence. Je savais que j’étais douée pour le design, mais cela ne me stimulait pas suffisamment pour mes ambitions et pour l’objectif que je voulais atteindre ; j’étais très motivée pour occuper des postes de direction dans la vente au détail de produits de luxe.

Mon objectif était d’être dans la meilleure école pour le luxe qui avait le meilleur réseau et les meilleures marques, et HEC correspondait à tous les critères, j’ai eu la chance d’y entrer avec mon parcours de niche.

J’ai passé deux ans en France, de 2018 à 2020, où j’ai également obtenu le certificat Kering luxe.

Dans le programme MBA, je me suis spécialisée dans la stratégie digitale ; c’était une opportunité passionnante pour moi car c’était la première fois, que je sortais de ma zone de confort pour entrer dans un cadre diversifié.

UJA: Comment avez-vous appréhendé la culture française et quels sont les enseignements d'HEC Paris que vous trouvez particulièrement utiles dans le contexte de votre travail en Inde?

Nikita Rustagi: Je suis restée en France pendant deux ans et je ne connaissais pas la culture française. Je me rendais à Londres depuis 15 ans car j’y avais de la famille, mais peu en France. La culture française est réputée pour sa profondeur, sa richesse et son influence dans le monde entier. HEC avait une atmosphère culturelle diversifiée avec des individus venant du monde entier. Le programme MBA m’a poussé à travailler sur mes compétences et à me développer professionnellement avec les meilleurs talents mondiaux. Bien que j’aie obtenu mon diplôme pendant la pandémie et que le marché de l’emploi ait été difficile, le réseau des anciens d’HEC m’a aidé. J’ai été présentée au responsable des ressources humaines de la Chambre de commerce franco-indienne par des anciens d’HEC bien connus, et c’est ainsi que j’ai eu l’occasion de travailler avec Centdegrés en Inde.

UJA: De votre point de vue, comment pensez-vous que les Français perçoivent l'Inde ?

Nikita Rustagi: Ayant eu l’occasion unique de jeter un pont entre deux cultures distinctes – l’Inde et la France – dans le domaine du design, j’ai remarqué plusieurs nuances dans la façon dont les Français perçoivent l’Inde. Tout d’abord, il y a une véritable admiration pour la richesse de l’histoire, de l’art et de l’architecture de l’Inde. Nombre de mes collègues français expriment souvent leur admiration pour la culture et l’histoire de l’Inde. Ils apprécient également la profondeur philosophique et spirituelle de l’Inde.

D’un point de vue commercial, l’Inde est considérée comme un marché dynamique doté d’un immense potentiel, en particulier dans le secteur de la mode, du style de vie et de la beauté, avec un fort afflux de marques de luxe en Inde et de nombreuses marques locales qui voient le jour. Je sais que de nombreuses entreprises françaises considèrent l’Inde comme un marché, en particulier dans le secteur des cosmétiques, où les consommateurs sont exigeants et amateurs de marques internationales.

En tant que personne ayant des racines en Inde, je considère qu’il est de mon rôle d’offrir une compréhension plus nuancée et contemporaine de ce que l’Inde représente aujourd’hui, en particulier dans le paysage du design.

Collaborer dans ce cadre multiculturel a été instructif, et ce fut un privilège d’apporter à nos projets une fusion de la finesse française et de l’éclat indien.

UJA: Comment avez-vous appris à travailler avec une entreprise française ?

Nikita Rustagi: Travailler avec une entreprise française a été à la fois instructif et stimulant. La courbe d’apprentissage a d’abord été raide, principalement en raison de la confluence de deux cultures et philosophies de conception distinctes.

Au début, il était essentiel de comprendre les nuances de l’étiquette commerciale française et la valeur accordée aux relations à long terme. Les Français apprécient particulièrement les détails, les délibérations et la recherche de la perfection. L’Inde met l’accent sur la profondeur, le contexte et l’artisanat. Cependant, les deux cultures croient en l’établissement de relations, ce qui est essentiel pour la réussite dans le monde des affaires.

Enfin, l’importance accordée à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans la culture française m’a ouvert les yeux. C’est le meilleur environnement de travail que j’aie jamais connu. Plus qu’un individu, c’est l’équipe qui prime. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est meilleur qu’en Inde, et le fait de travailler avec une marque française est valorisant et garantit l’autonomie pour mes collègues en Inde sans micro gestion. Les fondateurs et ma responsable, Gaëlle Doré, m’ont inculqué bon nombre de mes valeurs.

UJA: Pour les personnes qui aspirent à travailler dans l'industrie de la création, quels conseils donneriez-vous sur la base de votre propre expérience et de votre parcours professionnel ?

Nikita Rustagi: Ma conviction est que je veille à ce que mon équipe, même si elle se trouve en Inde, soit suffisamment exposée à nos équipes dans le monde en la faisant participer autant que possible à des projets internationaux. L’équipe se rend à Dubaï cette année, et certains d’entre eux se rendront en France l’année prochaine.

L’objectif est d’utiliser le savoir-faire et le design français tout en formant des Indiens, en exploitant les compétences qu’ils ont à offrir et en devenant des acteurs globaux sur le marché mondial. C’est la vision de Centdegrés et la mienne.

Nous disposons d’un grand nombre de designers talentueux issus des meilleures universités. Si je constitue une équipe en Inde, elle doit être encouragée à avoir une exposition mondiale, à voyager pour rencontrer les fondateurs et à participer à des prix internationaux.

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