Coopérations franco-indiennes dans les startups SaaS, Marketpace et Fintech de l’Inde.

Un entretien exclusif avec Francisque Lebrunie, Venture Partner India chez Super Capital VC et Conseiller du Commerce Extérieur de la France en Inde sur le paysage en pleine expansion des startups SaaS, Fintech et Marketplace en Inde et le dynamisme des coopérations technologiques entre la France et l'Inde.

Francisque Lebrunie

Venture Partner India at Super Capital VC and French Foreign Trade Advisor, CCE Inde

UJA : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de la manière dont votre carrière vous a conduit à devenir Venture Partner India chez Super Capital ?

Francisque Lebrunie : En tant qu’entrepreneur et investisseur, j’ai plus de 13 ans d’expérience dans la gestion d’entreprises de e-commerce. En 2004, j’ai cofondé le site Chemise-Homme.com, que j’ai vendu en 2017. J’ai ensuite investi dans l’immobilier et dans des entreprises, et je suis devenu membre d’une communauté appelée Super Capital qui réunit une communauté d’investisseurs basée entre autres à Paris. Actuellement, Super Capital est l’une des principales communautés francophones de business angels en Europe.

Super Capital se concentre sur trois activités principales, et offre une solution de financement à 360°.

La première activité est la banque d’investissement (IB), qui permet de faciliter les connexions entre notre communauté d’investisseurs et d’entrepreneurs. 

La deuxième concerne le capital-risque (VC), qui se traduit par des investissements directs par le biais de nos véhicules d’investissement basés en France, avec une attention particulière pour ma part pour le marché indien.

Le troisième volet concerne la dette, dans le cadre duquel nous levons donc de la dette pour les entreprises au moyen d’instruments de crédit.

En ce qui concerne mon parcours, je suis venu en Inde il y a deux ans et demi, car j’avais toujours rêvé de m’y installer. Je savais également que l’économie indienne était propice à la croissance des startups. Je suis également à moitié indien, c’était donc comme un retour aux sources pour moi. Nous avons débuté nos investissements dans l’écosystème des startups indiennes, et nous avons maintenant 10 entreprises indiennes dans notre portefeuille, dans les domaines du SaaS, de la Fintech et du Market Place. Nous concentrons principalement nos efforts sur ces trois industries car nous disposons d’une expertise interne dans ces domaines.

Créé en 2018 , Super Capital est référencé au troisième trimestre 2023 parmi les investisseurs les plus actifs, aux côtés de Kima Ventures et de Bpifrance. Nous créons actuellement un véhicule d’investissement dédié aux start-up indiennes. Au troisième trimestre 2023, le club d’investisseurs Super Capital a pris place sur le podium avec 12 opérations. Depuis le début de l’année 2023, ce réseau a réalisé 44 investissements, dont 5 réinvestissements.

Je supervise les opérations du groupe en Asie, avec pour mission de repérer et investir dans des startups de premier plan en Inde. Mon objectif est également de promouvoir des partenariats stratégiques avec des incubateurs, d’élargir les réseaux d’entrepreneurs indiens et de collaborer activement avec des investisseurs en capital-risque.

UJA : De votre point de vue, quelles sont les principales tendances qui façonnent le paysage des affaires en Inde et qui en font un marché attractif ?

Francisque Lebrunie: L’Inde est devenue un des principaux hub mondial un centre mondial pour la  technologie et l’innovation. L’écosystème florissant des startups, en particulier dans des secteurs comme la fintech et le e-commerce, a attiré l’attention d’investisseurs à la recherche d’opportunités à forte croissance. 

Le potentiel de l’Inde est d’autant plus élevé que l’adoption de systèmes de paiement numériques offre d’importantes possibilités d’investissement. Cette tendance devrait se poursuivre car le pays se digitalise fortement et donc les services numériques et digitaux vont se développer en conséquence;

Nous sommes l’une des rares sociétés d’investissement françaises en Inde, car nous sommes fermement convaincus que l’Inde est la destination phare des prochaines décennies.

Tout en reconnaissant que, pour certains européens, l’Inde peut sembler lointaine sur la carte, cette perception évolue progressivement. L’Inde a incontestablement gagné sa place sur la scène mondiale.

UJA : Comment sélectionnez-vous les entreprises dans lesquelles vous souhaitez investir ?

Francisque Lebrunie: Nous recevons 300 pitchs par mois.
Nous les lisons tous, puis organisons un appel-vidéo avec les fondateurs d’environ 50 startups.

Après 50 appels, nous réduisons notre sélection à 2 ou 3 entreprises, en veillant à ce que nos investissements ciblent le 1% des startups les plus prometteuses.

Nous finançons principalement des entreprises en phase de pré-amorçage et d’amorçage.
100% de nos investissements se font dans des startups digitales (4 focus principaux: SaaS, Marketplace, Fintech, Mobile,). Nous gardons également une petite réserve pour des projets atypiques (DNVB, Energie, etc.).

Nous recherchons des entrepreneurs qui excellent dans l’exécution.
Les idées ne valent rien ou presque !

Nous recherchons spécifiquement des entrepreneurs expérimentés qui placent  l’exécution au cœur de leur stratégie et qui aspirent à créer des entreprises indiennes avec une ambition globale.

Mais nous sommes ouverts aussi aux entrepreneurs indiens qui contribuent au développement de l’Inde du futur : nous observons donc également attentivement les idées qui s’alignent avec l’évolution de la société indienne et qui s’adressent aux spécificités locales.

Une partie de l’avenir du monde se déroulera en Inde, le pays le plus peuplé de la planète. Sans être exclusivement axés sur l’impact “, nous visons à donner la priorité aux entreprises qui contribuent à transformer des vies grâce à des innovations positives. En Inde, la technologie joue un rôle central dans ces changements, notamment grâce à la mise en place de l’infrastructure publique numérique indienne (India Stack).

Super Capital est un acteur majeur de l’investissement early-stage dans les Techs en France avec une communauté de plus de 1500 investisseurs et 300 entrepreneurs.

Nous avons déployé un peu plus de 30 millions d’euros au cours des 5 dernières années avec plus de 140 startups. Auparavant, 95 % des investissements étaient réalisés en France et 5 % en Inde, mais la situation est en train de changer puisque nous allons lancer un véhicule d’investissement spécial pour l’Inde. Nous souhaitons investir dans 30 startups indiennes au cours des deux prochaines années.

UJA : Quels conseils donnez-vous aux entrepreneurs de votre communauté ?

Francisque Lebrunie: Nos principes directeurs sont axés sur le développement de l’innovation, la valorisation des opportunités et le culte des partenariats durables. Nous nous engageons à favoriser un environnement où la pensée créative et les idées novatrices se développent.

En outre, nous mettons activement l’accent sur les synergies potentielles qui peuvent exister entre les écosystèmes technologiques de la France et de l’Inde.

En reconnaissant et en encourageant les opportunités de collaboration, nous souhaitons rapprocher ces deux écosystèmes dynamiques.

Notre mission va au-delà des conseils traditionnels, car nous cherchons activement à créer des liens et à encourager des collaborations qui dépassent les frontières.

Grâce à ces initiatives, nous aspirons à contribuer à l’avancement des paysages technologiques français et indien, en encourageant une forte communauté d’innovation et d’entrepreneuriat. Enfin, nous nous efforçons de créer un environnement où chaque membre peut contribuer et bénéficier de la sagesse collective et de l’expérience du réseau Super Capital VC.

UJA : En tant que conseiller du Commerce Extérieur de la France en Inde (CCEF), quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs désireux de relever les défis potentiels du marché indien ?

Francisque Lebrunie:

Mon conseil est de garder l’Inde sur votre carte pour y repérer les opportunités potentielles.
Dans le domaine du marché numérique, je suis fermement convaincu que l’Inde représente l’opportunité la plus importante au niveau mondial.
Si vous prenez le temps de comprendre les différentes opportunités et les pratiques locales, l’étiquette des affaires et les habitudes de communication, vous réussirez.
Ici, tout est numérisé et il existe de nombreux moyens simples de faire des affaires.
Les connexions entre l’Inde et la France sont excellentes et le réseau franco-indien est très développé.

Il est toujours utile de travailler en étroite collaboration avec des experts locaux qui comprennent le paysage juridique et réglementaire.

Les négociations commerciales en Inde peuvent prendre du temps. Soyez patient et persévérant dans votre approche.

En tant que capital-risqueur et CCEF, je travaille activement à la création d’un corridor technologique entre la France et l’Inde. Une coopération substantielle se profile entre ces deux nations, et je prévois l’apparition de nombreuses opportunités dans divers secteurs à l’avenir.

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