Portraits d'entreprises et d'entrepreneurs français en Inde

En savoir plus sur Elisa Khetty, directrice de Helma India, China & Germany, Helma International, Group Seegmuller & Cie French Trade Advisor based in India, Vice President Bangalore. D'origine indienne, sa force est de comprendre les distinctions interculturelles dans les pratiques commerciales au sein d'une économie mondiale, et le multiculturalisme.

Elisa Khetty

Directrice de Helma India, China & Germany, Helma International, Group Seegmuller & Cie Conseiller commercial français basé en Inde, Vice Président Bangalore

UJA : Pourquoi avoir choisi l'Inde ?

Elisa Khetty : Le choix de l’Inde a été motivé par des facteurs à la fois professionnels et personnels. Sur le plan professionnel, en tant que diplômée d’une école de commerce, j’ai compris que la croissance économique future se produirait principalement dans les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Ces pays présentaient un potentiel commercial important, et l’Inde se distinguait parmi eux.

D’un point de vue personnel, j’ai visité l’Inde lorsque j’étais enfant et j’ai été captivé par le pays. Il m’a semblé naturel d’envisager l’Inde au début de ma carrière. En outre, j’ai des origines indiennes lointaines, qui remontent à mes arrière-grands-parents. Même si je n’avais pas beaucoup de connaissances sur l’Inde, j’ai toujours eu envie d’explorer mes racines, même si mes parents, comme moi, sont nés en France.

Par coïncidence, j’ai rencontré mon mari, qui est indien, et il m’a confortée dans l’idée que l’Inde était un pays où il fallait faire carrière. Ainsi, la décision de choisir l’Inde a été influencée à la fois par sa situation économique et par sa culture, qui a suscité mon intérêt.

UJA : Vous avez fait une école de commerce en France, et les BRICS vous ont attiré. Comment êtes-vous devenue responsable d'Helma en Inde ? Était-ce votre première mission professionnelle ?

Elisa Khetty : Après avoir terminé mes études dans une école de commerce en France, je cherchais activement un emploi en Inde ou en France. Cependant, en tant que jeune femme de 22 ans sans expérience, il s’est avéré difficile de trouver un emploi en Inde. Je ne voulais pas prendre le risque d’arriver sans véritable emploi, car je n’étais pas assez aventureux à l’époque.

Il est intéressant de noter que j’ai fini par trouver un emploi en France en me présentant à un entretien sans connaître le nom de l’entreprise qui recrutait. Le poste exigeait 10 ans d’expérience en Inde, ce que je n’avais évidemment pas en tant que jeune diplômé. Néanmoins, Leroy Merlin, une entreprise du groupe ADEO, a trouvé mon profil intéressant car elle prévoyait de s’étendre en Inde et avait besoin d’une personne pour diriger le projet.

Leroy Merlin m’a donc proposé un poste à Paris en tant que responsable de l’éclairage et de la décoration, en me formant et en m’offrant la possibilité d’être envoyé en Inde à terme. Ce fut une expérience incroyable qui m’a permis de découvrir une grande culture d’entreprise. Bien que le projet en Inde ait été retardé, ma vie personnelle a pris un tournant : j’ai décidé d’épouser un Indien vivant en Inde. C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de quitter mon emploi en France.

Lorsque je suis arrivée en Inde, j’ai d’abord eu peur de venir sans emploi. Cependant, j’ai découvert que de nombreuses entreprises étrangères recherchaient des personnes capables de combler le fossé entre l’Inde et les autres pays. J’ai donc eu le luxe de pouvoir choisir parmi plusieurs offres d’emploi.

En 2008, j’ai commencé à travailler pour HELMA International à Bangalore, où je suis actuellement basée.

UJA: A l'époque, quelle était la taille de HELMA, et comment avez-vous amélioré la réputation de HELMA en Inde ?

Elisa Khetty : A l’époque, HELMA était une PME en France. Permettez-moi de vous donner un bref aperçu de HELMA. Nous sommes spécialisés dans les services de mobilité internationale, aidant les entreprises avec divers services de conseil (calcul de package, calcul de coût pour l’entreprise, services fiscaux et sociaux, packages de rémunération, audits de conformité, etc.), l’immigration (permis de travail, avant et après l’arrivée), et les services de relocation (orientation, recherche de logement, recherche d’école, gestion de la location, sessions interculturelles, assistance avec les déménageurs et les emballeurs, etc.)

Lorsque HELMA France a été créé il y a 30 ans, nos premiers clients étaient de grandes sociétés informatiques indiennes, et ils sont toujours nos clients aujourd’hui.

Le fondateur de HELMA INTERNATIONAL en France a décidé d’ouvrir des bureaux en Inde et en Chine en 2007.

Comme beaucoup d’autres entreprises françaises, HELMA a d’abord envoyé un jeune VIE pour démarrer l’activité en Inde. L’envoi d’un VIE en Inde dans de telles circonstances est un excellent scénario. Il confirme les opportunités d’affaires locales (les VIE ou Volontaires Internationaux en Entreprise sont des jeunes diplômés embauchés par une entreprise pour travailler à l’étranger pendant un maximum de 2 ans).

J’ai rejoint le VIE quelques semaines avant son retour en France et j’ai pris en charge le développement d’HELMA en Inde. C’était un peu comme un entrepreneur car la société venait d’être créée quand je suis arrivé et j’ai dû tout mettre en place seul. Aujourd’hui, HELMA compte plus de 20 employés en Inde et 70 en France. Nous sommes fiers d’avoir conservé nos clients d’origine tout en en accueillant de nouveaux et en diversifiant nos services.

UJA: Vous aidez donc les expatriés indiens nommés en France ou dans d'autres pays, ainsi que les expatriés français venant en Inde ?

Elisa Khetty: Oui, nous assistons toute société qui a besoin de relocaliser ses employés à l’étranger pour des raisons professionnelles. Cela inclut les expatriés français venant en Inde et vice-versa. Cependant, nous nous occupons également d’individus de différentes nationalités.

L’Inde est devenue une destination importante pour les entreprises qui souhaitent se développer et s’étendre à l’international. Les ressortissants indiens, en particulier les ingénieurs en informatique, constituent l’une des plus grandes sources d’employés étrangers dans le monde. C’est pourquoi nous facilitons les interactions entre l’Inde et la France. En outre, nous avons des bureaux en Allemagne et en Chine, et nos services couvrent plus de 125 pays dans le monde.

La pandémie de COVID-19 nous a obligés à reconsidérer nos services et à étudier les possibilités de croissance future. La direction de HELMA croit fermement que l’Inde et la Chine seront des sources cruciales de développement pour le groupe à l’avenir.

UJA: En ce qui concerne les aspects culturels, la majorité de votre personnel en Inde est-elle composée de ressortissants indiens qui possèdent des connaissances locales et peuvent guider vos clients, ou avez-vous un personnel international ou des personnes qui ont étudié à l'étranger ?

Elisa Khetty: La plupart de nos employés sont des ressortissants indiens.

Un aspect essentiel à noter à propos de l’Inde est l’abondance de talents disponibles ici. Nombreux sont ceux qui maîtrisent parfaitement les langues. Le défi ne consiste pas à trouver ces talents, mais à les retenir.

Tous les postes n’exigent pas la présence physique d’un expatrié. Si la majorité des expatriés en Inde occupent des postes importants tels que ceux de directeur financier, de directeur général ou de superviseur technique, le reste de l’équipe se compose essentiellement de ressortissants indiens. L’Inde compte de nombreux talents capables de gérer efficacement les filiales et d’établir une bonne communication avec le siège.

Pour les grandes entreprises, il est nécessaire d’avoir quelqu’un qui fasse le lien entre la France et l’Inde et qui soit en poste en Inde. Cependant, les petites et moyennes entreprises d’aujourd’hui ne nomment pas toujours des ressortissants français. L’Inde offre un vivier de talents capables de gérer efficacement les filiales et d’établir des liens solides avec le siège.

UJA: Qu'avez-vous appris de votre implantation en Inde ?

Elisa Khetty: J’aimerais partager le conseil que je donne à mes propres enfants et à tous les autres : si possible, voyagez à travers le monde !

Quitter la France à l’âge de 22 ans pour venir en Inde a été une expérience extraordinaire pour moi. Cela a complètement changé ma façon de percevoir le monde. Je crois fermement qu’une telle expérience, où que vous alliez, peut vous ouvrir les yeux, tant sur le plan personnel que professionnel.

Venir en Inde a été un catalyseur important pour mon développement. À l’âge de 24 ans, j’étais déjà directeur national, avec une équipe à gérer et de nombreuses responsabilités. Je doute que j’aurais progressé aussi rapidement si j’étais restée en France. De plus, j’ai eu l’occasion d’interagir avec de nombreuses délégations, ce qui, je pense, n’aurait pas été possible à mon âge si j’étais resté en France.

Seuls quelques pays dans le monde connaissent une croissance économique aussi rapide. Avec sa population vaste et jeune, l’Inde offre de nombreuses opportunités, que l’on soit entrepreneur ou que l’on travaille pour une entreprise.

Les Indiens sont très ouverts d’esprit à l’égard des étrangers. Ils sont désireux de partager leur culture et de comprendre que vous venez d’un pays et d’un milieu différents. C’est une expérience remarquable. Si vous hésitez, je vous encourage vivement à voyager et à envisager l’expatriation. Je recommande de tout cœur l’Inde à tout le monde, non seulement parce que mon mari est indien ou parce que mes enfants sont nés ici, mais aussi parce que l’expérience que j’ai vécue en Inde jusqu’à présent a été vraiment incroyable.

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