Décision stratégique : Pourquoi l'Inde est devenue un marché clé

Découvrez l'interview de Stéphane Watier, Global Manager des unités indiennes et de l'unité de Singapour d'AXON et Conseiller du Commerce Extérieur de la France en Inde à Bangalore, dans laquelle il révèle "Pourquoi l'Inde a émergé comme un marché clé pour Axon".

Stéphane Watier

Global Manager des unités indiennes et de l'unité de Singapour d'AXON et Conseiller du Commerce Extérieur de la France en Inde

UJA : Comment êtes-vous devenu Directeur de Axon Inde et Axon Singapour ?

Stéphane Watier: Ma carrière commence en 1986 chez Axon France où je suis entré en tant que stagiaire. Ma position au sein de la structure a ensuite évoluée. Dans les années qui ont suivi, j’ai été en charge du développement d’Axon à l’international.

Au départ, la direction de la filiale indienne a été confiée à un de nos agents qui a été en charge de cette fonction de 2009 à 2016. Durant cette période, j’ai été à ses côtés en tant que « support » de technique. Conjointement, nous avons durant 7 ans installé, puis pérennisé notre filiale. En 2017, j’ai repris seul la direction. 

UJA : Comment Axon a-t-il décidé de s’installer en Inde ?

Stéphane Watier: Dès 2004 l’Inde a été identifié comme un pays prometteur en particulier dans le domaine de la  défense et du spatial, ces mêmes domaines qui représentent la majeure partie de nos marchés.

Après avoir effectué plusieurs missions de prospections commerciales très bien organisées par Business France et participé à des salons en Inde, nous avons identifié un agent commercial.

Cinq ans plus tard, les ventes progressant, nous avons pensé que la création d’une filiale nous donnerait une meilleure visibilité en Inde. Cette méthode de déploiement à l’international a été également appliquée en Chine et au Brésil toujours avec l’aide de Business France.

Nous avons donc enregistré la filiale Axon Inde en 2009, loué des locaux et débuté une petite production. Après quelques mois, face au potentiel du marché indien il nous est apparu comme une évidence d’investir en Inde. Nous avons ainsi décidé d’acheter un terrain pour y construire une usine et déployer en Inde la technologie d’Axon afin de la croiser avec la technologie en Inde.

En effet, l’Inde a développé depuis de nombreuses années des technologies remarquables dans le domaine du spatial et de l’aéronautique. En s’appuyant sur leurs ingénieurs il nous est apparu comme une évidence que les technologies développées par Axon étaient très complémentaires à celles de l’Inde. On pense encore que l’Inde est un pays qui n’est pas très développé sur le plan technologique mais ils lancent des satellites depuis des années.

Axon a donc commencé à faire du « Make in India » dès 2009, soit 5 ans avant l’annonce par le Premier Ministre Modi du lancement de ladite campagne.

Une des particularités du marché indien dans mon domaine c’est que le donneur d’ordre n’accorde sa confiance qu’une fois qu’il a pu apprécier la qualité des produits fabriqués par un potentiel fournisseur, donc pour nous il s’agit de la chaîne de production.

En Inde, la confiance qui est accordée dans les entreprises fonctionne différemment que dans la majorité des autres pays. Au sein de ces derniers, en principe, il est possible pour une entreprise d’investir dans une usine de façon locale une fois que le pays d’accueil signe un bon de commande pour lesdits produits. Or, par exception, en Inde, pour gagner la confiance des clients potentiels l’idéal est de pouvoir présenter son outil de production avant qu’un bon de commande soit émis. Ce schéma de confiance indien représente évidemment un coût d’investissement. Cependant, le point positif est qu’une fois la confiance établie, ils tiennent parole. En tous les cas c’est ce que j’ai constaté dans notre activité.

Aujourd’hui avons prévu d’investir sur de nouvelles ligne de produits afin d’obtenir les commandes. Cette approche n’est pas réservée aux sociétés d’origine étrangères implantées en Inde. Cette exigence de prouver sa capacité à produire s’applique aussi aux sociétés indiennes.

UJA : Qui sont vos concurrents aujourd’hui en Inde ?

Stéphane Watier : Nous ne sommes pas les seuls à avoir compris que l’Inde est devenue une grande puissance économique. Le marché intérieur est énorme et la position géographique de l’Inde permet de rayonner sur les pays de l’ASEAN.

 Par voie de conséquence les concurrents européens et américains sont présents.

Pour Axon ils sont principalement indiens.

UJA : Etes-vous confronté aux difficultés de maintien des ressources humaines chez Axon en Inde ?

Stéphane Watier  :La question du maintien des ressources humaines n’est pas une problématique chez Axon en Inde. Sur 130 salariés, j’ai moins de 3% d’attrition. Ce très faible pourcentage de départ des salariés s’explique par un facteur principal. En effet, lors de la création d’Axon en Inde, nous avons essayé d’instaurer un esprit convivial pour créer plus qu’une équipe : une famille. Aujourd’hui, il est peu présomptueux d’affirmer que cela a fonctionné. L’équipe indienne d’Axon est une grande famille au service du même objectif.

Dans notre usine, lorsqu’une difficulté advient, les équipes indiennes s’investissent. Elles donnent tout pour que le projet initial aboutisse. Notre équipe indienne porte les projets comme si c’était les siens.

De plus, Axon tente de permettre à ses employés de s’épanouir dans un environnement de travail vecteur de sécurité. A cet effet, nous leur procurons une assurance médicale qui couvre les familles respectives de chaque employé. Nous attachons également une grande importance à la qualité de travail quotidienne des salariés, ce qui passe notamment par la climatisation des usines, l’accès à des installations sportives ou encore par la nourriture qui leur est proposée. Enfin, ces derniers voyagent en France au cours de leur carrière au sein d’Axon pour parfaire leur formation et rencontrer leurs homologues français.

M. Stéphane Watier et S.E. M. Emmanuel Lenain, Ambassadeur de France en Inde

Le porte-avion Charles de Gaulle à Goa, présent à l'occasion des exercices navals bilatéraux franco-indiens VARUNA 2023

UJA : Pourquoi l’Inde et pas la Chine ?

Stéphane Watier : La première fois que je suis me suis rendu en Inde, j’ai tout de suite eu un coup de cœur pour ce pays. Après 10 ans passés sur place, mon sentiment est toujours le même. Je n’envisage donc pas de rentrer en France pour le moment.

Je me sens très en phase avec la culture indienne, et la façon que ce pays a de voir les choses. Les indiens ont une façon très positive d’appréhender toutes les situations. Ils dégagent quelque chose d’inexplicable que je n’ai jamais constaté dans un autre pays.

UJA : Du point de vue environnemental, Axon a-t-il mis en place un dispositif pour tenter de lutter contre le réchauffement climatique ?

Stéphane Watier : La question environnementale est au cœur de nos préoccupations. En effet, nous sommes très sensibles à cette problématique et tentons de mettre en place plusieurs dispositifs pour pallier ces problèmes.

Au mois de septembre 2023, Axon sera la première société à transporter nos employés par le moyen de bus électriques. Nous avons mis en place ce moyen de transport car il permet de diminuer l’emprunt de carbone. Nous avons donc signer un contrat avec une société locale qui a créée spécialement pour Axon des bus. Nous avons ainsi un partenariat économique viable par le biais duquel nous nous sommes engagés à utiliser ces bus pendant un laps de temps déterminé afin de rentabiliser ces derniers pour la société qui les a acheté. L’objectif est ici complet : favoriser des moyens de transports plus écologiques tout en favorisant le développement des entreprises locales.

Au-delà des questions spécifiques d’environnement, l’éthique est au cœur de nos motivations. En effet, Axon a planté des arbres dans la cours de l’usine. Ce type d’action vise certes à développer l’aspect environnemental de notre entreprise, mais également à favoriser la qualité de vie de nos employés. Ces derniers sont sensibles à nos actions.

UJA : Quel est le rapport qu’Axon entretient avec ses clients ?

Stéphane Watier : Axon porte une grande importance au rapport qu’il entretient avec ses clients. Nous essayons d’apporter une réponse et un service individualisé à chacun de nos clients. Axon n’est pas un prestataire de masse, mais au contraire qui s’adapte à chaque besoin et situation.

Lorsque nous nous sommes intallés en Inde, nous avions déjà une technologie de pointe. Notre objectif en venant ici n’était donc pas nécessairement de développer celle-ci, bien que nous soyons toujours ouverts au progrès, mais plutôt d’appréhender au mieux les objectifs de notre nouvelle clientèle indienne.

Notre implantation sur le marché indien en 2009 a précédé la politique de « Make in India ». Nous avons été en quelque sorte des précurseurs de ce mouvement. Nous avons mis en place une alliance entre la technologie Axon et les indiens. Cette alliance a été mise en place dans le respect des règles indiennes.

UJA : Quels sont les projets d’Axon pour le futur ?

Stéphane Watier : Axon est une entreprise d’ambition. Nous avons beaucoup de projets que nous souhaitons mettre en place, et d’autres projets déjà instaurés qui sont en train d’éclore.

La région « Indo-pacifique » est aujourd’hui au cœur de l’attention tous les pays, et ainsi des sociétés internationales qui se cherchent à s’y développer. A une époque, les régions d’Asie étaient le point névralgique des développements économiques. Aujourd’hui, la focale a changé et l’Inde a une position primordiale à tout point de vue. En France, la presse publie de façon à minima hebdomadaire des articles et des informations sur l’Inde. Même la dénomination « Indo-pacifique » démontre parfaitement l’importance de l’Inde géographiquement.

Axon étant implanté depuis 2009, l’objectif de notre société aujourd’hui, et pour le futur, repose sur la consolidation de notre lien de confiance avec nos équipes indiennes ainsi que la pérennisation de notre activité.  Je suis confiant et heureux pour l’avenir du développement d’Axon en Inde.

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